"Un moment libérateur", création d'une "autorité indépendante" pour prévenir les violences contre les enfants: ce que l'on sait de l'audition du Premier ministre dans l'affaire Bétharram

Le Premier ministre a ainsi rejeté les accusations de mensonge ou de mansuétude à l'égard des dirigeants du collège-lycée Notre-Dame de Bétharram, et redit sous serment ne pas avoir eu d'informations privilégiées sur les violences physiques et sexuelles dans cet établissement autres que par la presse.
"Toute la presse a écrit que ça allait être l'endroit où on allait juger la responsabilité du gouvernement (...) et que grosso modo c'était fini pour moi". "Il y avait des accusations sans que je puisse jamais répondre" et "on a eu là, pour la première fois, la possibilité d'apporter non pas des dénégations, non pas des arguments, mais des preuves" et "montrer que tout était sans fondement. Et ce qui était plus choquant pour moi, c'est que les victimes étaient totalement absentes de ces questions", a-t-il déclaré à l'issue de cette audition.
"Donner leur place à tous ceux qui ne peuvent pas s'exprimer"Face à la commission d'enquête de l'Assemblée, François Bayrou a notamment prôné la création d'une "autorité indépendante" sur les violences contre les enfants.
Cette haute autorité comprendrait "un conseil scientifique" et un "conseil des victimes". Elle concernerait "tous les établissements" scolaires mais aussi "les associations sportives", "les associations culturelles", "les familles", où elle porterait notamment sur "la question des violences intrafamiliales".
François Bayrou a précisé que cette proposition s'inspirait d'une loi récemment adoptée en Allemagne. "Il y a là quelque chose qui permettrait, qui mériterait de donner leur place à tous ceux qui ne peuvent pas s'exprimer."
"On a un certain nombre de victimes qui sont en grande difficulté émotionnelle, il faut les accompagner d'une façon personnalisée, ce que personne ne fait actuellement", a réagi le porte-parole d'un collectif de victimes de Bétharram, Alain Esquerre.
"Nous avons proposé la création d'une structure qui serait animée par les victimes, pour les victimes, nous attendons, nous verrons les conclusions, et c'est aujourd'hui à l'État de prendre ses responsabilités sur ce type de dossier", a-t-il rappelé.
"Stratégie de confusion"Enfin, les deux co-rapporteurs de la Commission d'enquête parlementaire sur les violences scolaires, Paul Vannier et Violette Spillebout, ont fait état de leurs divergences jeudi au lendemain de l'audition du Premier ministre, l'un assurant qu'il a "menti", l'autre affirmant le croire.
Le député LFI Paul Vannier a estimé, au lendemain de l'audition très tendue de François Bayrou sur l'affaire Bétharram que ce dernier avait reconnu avoir "menti" en février lorsqu'il a été interrogé pour la première fois à l'Assemblée sur sa connaissance des faits dans les années 1990.
"François Bayrou, grâce au serment, reconnaît enfin que ses déclarations devant les députés, devant les victimes ces derniers mois, étaient mensongères, étaient fausses", a déclaré Paul Vannier sur franceinfo.
"Il avait aussi une stratégie de digression, de confusion", a expliqué le député.
"Est ce que le Premier ministre a menti? Oui, à plusieurs reprises, ici, à l'Assemblée nationale, dans plusieurs déclarations publiques qu'il a assumée depuis maintenant deux mois. A-t-il menti hier soir, sous serment? Il est pour moi trop tôt pour le dire", a dit plus tard dans la matinée Paul Vannier, lors d'une conférence de presse.
"Je le crois""Nous ne tirons pas les mêmes conclusions avec Paul Vannier", a dit pour sa part sa corapporteure, la députée Renaissance Violette Spillebout, lors de la conférence de presse.
Elle retient de l'audition "une défense extrêmement vigoureuse, offensive (...) d'un homme politique qui a été attaqué depuis des mois dans son honneur, dans son intégrité par mon collègue Paul Vannier".
Sur le mensonge, "le Premier ministre, hier soir, a répondu sous serment qu'il n'avait jamais menti, qu'il y avait des imprécisions dans ses souvenirs, qu'il s'agissait de rencontres et d'échanges, de lectures, d'articles de presse d'il y a plus de 30 ans. Et je le crois", a-t-elle ajouté.
Pour sa part, la présidente de la commission la socialiste Fatiha Keloua-Hachi estime: "Il est quand même beaucoup trop tôt" pour savoir si le Premier ministre a menti lors de son audition. "Nous devons relire les procès verbaux" et "revisionner" les 5h30 d'audition, a-t-elle fait valoir, avant de promettre de prendre "les mesures qu'il faudra (...) en temps voulu".
Var-Matin